Stéphanie de Saint Simon, Yto & Kiking

 

ph. Amedeo Abello

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Stéphanie a grandi dans la ferme de ses grands-parents dans les années 1970. C'était la maison de toutes sortes d'animaux exotiques, même un lion. Maintenant Stéphanie est un propriétaire du restaurant indien dans le 6ème à Paris et elle possède deux magnifiques Maicoons.

 
 
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J'ai appelé mon premier fils, Léo, le deuxième s'appelle Joseph son signe astrologique est lion ascendant lion. Mon troisième fils Balthazar, est gémeaux ascendant lion. Mon chat, qui est mon quatrième garçon est un lionceau de Corée. Toute la descendance masculine voit ces alliances. Le fils de ma sœur s'appelle Ariel et Ariel, ça veut dire le lion de Dieu. 

Mes grands-parents habitaient à une quarantaine de kilomètres de Paris, c’était la maison dans laquelle on vivait. Dans cette ferme, les gens amenaient leur chat à garder pour l'été. On récupérait toutes sortes d’animaux… même les personnes qui étaient perdus ! La maison était portes ouvertes, un refuge. Il y avait des chevaux, ma mère avait une chèvre, on a pris des moutons pour tenir compagnie à la chèvre. 

 
 
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Mon père travaillait à Paris. Il avait un commerce dans le 7e arrondissement.

Un client de mon père qui était photographe avait un bébé lion, qu’il photographiait dans les bras de passants dans les rues de Paris. C’était les années 70 et c'était la mode…

Ne sachant plus trop quoi faire avec ce lion, mon père a proposé de le garder, le temps qu'il trouve une solution. Il y avait plein d'animaux dans la cour de notre maison, on avait la place pour le lion, et mon grand-père adorait les bêtes. Il a montré le lion au vétérinaire pour voir comment il allait et savoir ce qu'il allait pouvoir faire avec lui. Il s'est avéré que le lion avait été soigné par un vétérinaire à l'époque où le photographe s'occupait de lui et qu’il avait fait subit une opération chirurgicale suivie de complications ; le lion avait aussi un problème de décalcification, donc le vétérinaire a pensé qu’il risquait de pas vivre très longtemps. 

Et là, mon grand-père, qui s'était vachement attaché au lion, a choisi de le garder pour le soigner ! Voilà, c'est comme ça qu'on se retrouve avec un lion à la maison.

C’était vraiment le lion de mon grand-père, ils avaient un truc ensemble. Le matin, le lion appelait mon grand-père jusqu'à ce qu’il vienne. Et là, ça allait. Il avait besoin lui. Ils étaient complètement dans la fusion. 

 
 
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Au début, le lion était quand même assez petit, comme un gros chat, et il restait dans le lit avec mes grands-parents. Puis après, car c'est quand même une grosse bête, il commençait à faire la taille du chien, il fallait qu’il dorme en bas avec eux. C'était tout un dressage de le faire dormir en bas une fois qu'ils avaient dormi dans le lit depuis tout petit. 

Nous, on ne se rendait même pas compte : comme c’était une ferme, il y avait toutes sortes de bêtes, on avait gardé un ocelot, une collection de faisans rares qui avaient été si mignons. Du coup, il y avait aussi un lion. 

Les grandes filles en terminale de mon école venaient à la maison pour le voir, nous étions les mascottes. C'était rigolo. Les gens se pinçaient le nez pour l’odeur car quand même : c’était un lion!! Mais il n'était pas du tout une bête de foire et n avait pas trop envie d’être avec d’autres gens, il aimait seulement ceux de sa maison. 

Il y a eu un seul accident, pas de sa faute, mais de la mienne. Mes grands-parents avaient une petite camionnette, un combi Volkswagen. Il y avait ma sœur et moi et au milieu, et il y avait le lion. Mon grand-père a freiné et je suis tombé avec le siège sur le lion. Ma grand-mère était en train de le caresser et il a mordu sa main, transpercée par le lion. Mais bon, ça ne l’a pas empêché de continuer à tricoter ! Le lion a vécu jusqu'à l'âge de 4 ou 5 ans. C'était très triste de perdre une bête aussi importante, imposante, qui était vraiment un membre de la famille. Mais ce qui était triste aussi, c'est qu’il était là. Il a fini quand même assez handicapé de l'arrière train ; mon grand-père avait construit une espèce de chaise roulante pour lui. 

A mon avis, c'est un peu les conséquences de faire n'importe quoi avec les animaux sauvages et tout ça n'aurait jamais dû arriver. Mais c'est vrai que pendant les années 70, on était beaucoup moins conscient de ça. Et encore : aujourd’hui on voit sur Instagram tellement de gens avec des animaux absolument déments chez eux... 

On a toujours essayé de prendre des animaux qui étaient déjà dans des chenils, ou de récupérer des animaux qu'on nous donnait. Mes grands-parents à l'époque, étaient horticulteurs néerlandais, ils cultivaient les fleurs. Il y avait donc de la place pour stocker les fleurs, les faire sécher, etc. C'était un peu la faune et la flore, on va dire.

 
 
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Mon chat s'appelle Lucknow, qui est le nom d'une ville en Inde. En fait, on avait pris une femelle Maine Coon et on lui a fait faire des bébés. À l'époque, je travaillais beaucoup en Inde et je devais rentrer au moment où elle était censée accoucher, mais elle a accouché avec une semaine d'avance. Elle a fait sept bébés. Ce qui était beaucoup, elle n'avait jamais eu de bébé et n'a rien compris de ce qui lui arrivait ! Elle passait son temps à prendre des bébés, à en laisser toujours un derrière. C'était un cauchemar : ont survécu seulement deux chatons. Et moi, je n'étais pas là, mais j'avais l'habitude de m’occuper des bébés animaux. En rentrant, je les ai surveillés comme le lait sur le feu. Je me réveillais toutes les deux heures pour aller voir comment ils allaient. Pour vérifier qu’elle leur donnait bien le lait, etc. Je n'ai pas lâché. On avait mis dans la chambre plein de tapis, c'était vraiment la chambre des chats. Mon mari, rentrant un soir, va voir les chaton puis revient une demi-heure après, il n’était pas bien. Il m’a dit « J’ai écrasé le bébé chat ». J’étais dans tous mes états. Je crois que je n’ai jamais crié comme ça de ma vie entière. Le vétérinaire est venu à la maison, et j'ai appelé un copain, qui à un pied sur terre, un pied dans l'au delà. Je lui dis qu’il fasse quelque chose avec ce bébé parce que je n'accepterai pas qu'il meure. Il m'a dit “je m'en occupe.” Je l’ai surveillé toute la nuit, et il a survécu. Après ça, il n’a jamais eu aucun problème. Du coup, je l'ai appelé le Lucknow : j’avais été tellement chanceuse ! 

On communique pas mal : si je m'adresse au chat, le chat répond. Il y a un genre de conversation. 

Le chat est un élément transitoire d'affection totale. On peut complètement fusionner avec lui, comme on peut le faire avec un bébé. Comme je ne peux plus le faire avec mes enfants, qui ont grandi, ils disent que je préfère les chats !

Le chat nous montre comment prendre la vie en mettant le plaisir au-dessus de toute chose: il est un maître.

 
 

@stephaniedesaintsimon

ph. archives personnelles

 
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